Pour en finir avec Ikéa

Résumé des épisodes Ikéa précédents : on a attendu, encore, encore et encore, mais la cuisine est finalement commandée, ne reste qu’à la recevoir et l’installer. Nous avions décidé de l’installer nous-même donc théoriquement, la saga tirait à sa fin. Eh bien c’était sous-estimer le pouvoir d’Ikéa. Le jour de la livraison, c’est pas moins de 200 boîtes qui ont atterri dans notre garage : boîtes de portes, de tiroirs, de caissons, de quincailleries, de poignées, etc. On aurait dû se douter que ça allait mal tourner quand le livreur, avant de faire un burn dans notre entrée, nous a lancé : « Vous avez 24h pour vous assurer que toutes vos boîtes ont été livrées et qu’il ne vous manque rien».

C’est tout de même confiants que nous nous sommes attaqués à la tâche. Tout allait bon train, le casse-tête prenait forme, jusqu’à ce qu’on veuille installer les portes sur les caissons : il manquait les charnières.

Puis c'est le festival des appels. À trois reprises la dame au service à la clientèle jure nous les envoyer à l’instant : par la poste, par fedex, par puroloator. Les jours passent et on ne reçoit toujours rien. Un petit peu à bout de patience, on finit par conclure que le plus facile sera pour nous de passer les chercher chez Ikéa. Les derniers mots de la préposée à Sébastien ont donc été: « Pas de problème M. vos charnières vos attendent au service à la clientèle chez Ikéa. N’apportez pas votre facture, juste votre numéro de dossier».

On se pointe chez Ikéa un vendredi soir particulièrement crevés avec l’étrange impression que ça va être compliqué.

- Bonjour, nous venons récupérer nos charnières
- Votre facture SVP!
- ??? La voici (on avait prévu le coup)
- Je transfère votre dossier à Tony responsable des résolutions de problèmes

Résolutions de problèmes, on est rendu des clients problèmes? Nos charnières étaient supposées nous attendre à la porte dans un ti sac, ça part mal… Tony arrive, l’air bien relax.

- Bonjour, quel est le problème?
- On vient récupérer nos charnière
- Votre facture SVP!

Tony retourne à son bureau et s’en suit une période où on le voit faire des recherches, des appels, sortir des dossiers, refaire des appels, prendre des notes. Il revient.

- On ne pourra malheureusement pas vous les donner aujourd’hui puisqu’on ne sait pas si elles ont été perdues par fedex et si oui, il faudra entreprendre des démarches en cour contre eux ce qui pourrait retarder la livraison de vos charnières de quelques mois.

Sébastien, qui avait tout de même réussi à garder son calme depuis le début du processus et qui avait suivi les étapes patiemment, décide que c’est le temps d’intervenir. Il prend un ton posé, met la main sur l’épaule du fameux Tony et y va d’une longue et poignante tirade qui se résume comme suit :

- Écoute mon Tony, ça fait un an qu’on est dans un projet de rénovations, regarde-nous là, on est à boutte. Y’a 2 mois de ça, on vous a donné $6000 en vrai argent pour enfin avoir des vraies armoires dans notre vraie cuisine. Là, la seule chose qui nous manque, c’est $100 de charnières pour fermer nos belles portes d’armoires. Le dossier a été étudié et réétudié par la préposé au téléphone et après plusieurs appels, plusieurs questions et plusieurs minutes, elle a conclu qu’on méritait nos charnières et qu’elles allaient nous attendre ici. Notre mission ce soir, ce n’était pas de rouvrir le dossier et de tout réétudier, c'était juste de venir les cueillir. S’il faut entreprendre des démarches en justice pour trouver le coupable de la perte de ces charnières, nous irons témoigner à la barre, la main sur la bible, mais on peut tu juste finir notre cuisine en attendant?

Tony semble déstabilisé et se sauve à son bureau en répliquant :

- Euh, je vais aller revérifier quelque chose dans votre dossier.

Tony pitone sur l’ordinateur et reviens : « Ok, je viens de remarquer qu’il y avait une information manquante dans votre dossier, voilà vos charnières ».

Une fois assis dans l’auto avec notre précieux petit sac sur les genoux, nous avons émis des hypothèses quant à la fameuse info dans notre dossier qui l’a fait changer d’idée. Probablement quelque chose comme : « Attention, clients sur le bord du burn-out, n’insistez plus, remettez leur ce qu’ils demandent »