mardi 28 novembre 2006

Coulé dans le béton

Étant donné mes horaires de travail plus variables que ceux de Sébastien, il me délègue souvent ses petites commissions d’hommes dans des endroits d’hommes, tenus par des hommes! C’est ainsi que je me retrouve fréquemment chez Pièces d’auto Jarry chercher des spark plug bosch au gap pré-réglé, chez Outillage de l’est acheter une cloueuse à charpente compatible avec un compresseur une force et demie/2 gallons ou dans une quelconque cour à scrap profiter d’un bon deal de gasket de tête. J’hais ça pour mourir! Dans ces petits commerces, on est très loin de l’anonymat des Canadian Tire qui sont habitués de dealer avec les tites madames insécures. Et puis j’ai beau bien me préparer, demander les détails de ce que je vais chercher à Sébastien, apprendre mon texte par cœur, y’a toujours une question sortie de nulle part pour laquelle je n’avais pas été préparée qui sort et inévitablement je finis par appeler Sébastien en panique…perdant immédiatement toute crédibilité.

Donc lundi dernier, ma job était d’aller retourner la machine à béton dans une shop de location d’outils. D’avance je pars un peu stressée parce que je ne sais pas trop où c’est…mais bon, y’a pas trop de doute que je suis arrivée à bon port quand je vois la pancarte avec le nom de la shop, la minuscule roulotte au fond de l’entrée qui sert de service à la clientèle et les 2 dobermans qui m’accueillent chaleureusement. Je sors de la voiture, répète mon texte dans ma tête (bonjour, je rapporte la …Bétonneuse?? Bétonnière?? Machine à béton?? Machine à béton!!), sors la carte de crédit pour le dépôt et place la voiture bien en vue pour qu’ils aient l’idée de venir m’aider à sortir la machine. Tout se passe bien, je fais ça comme une vraie pro! On signe les papiers de retour, on ne me pose pas trop de questions et Bob et Gary sont mandatés pour venir m’aider à sortir la fameuse machine. En un instant, toute ma crédibilité a basculé : Bob me demande nonchalamment de reculer la voiture dans un mini-espace pour qu’il puisse ranger la machine. Reculer la voiture signifiait faire un 180 degrés, gérer le monsieur dans sa voiture à côté qui veut sortir et dont je bloque le chemin, éviter d’écraser les doberman, maîtriser notre voiture dimension corbillard dans un espace de stationnement restreint et l’enligner assez droite pour qu’elle ne s’encastre pas dans la clôture. Le stress commence à monter, manœuvres maladroites, j’étouffe, klaxon de l’autre voiture, bruits bizarres de l’auto, aboiements, rires du duo G&B, j’étouffe, j’ai chaud, je frôle la clôture, j’étouffe encore…coudonc, elle va donc bien mal la voiture!

Je réussis quand même à me rendre sans trop de séquelles et comme j’immobilise la voiture, j’aperçois un point d’exclamation dans le tableau de bord qui a l’air de dire « maudite épaisse, t’avais pas enlevé le break à bras! » Est-il besoin de dire que je n’avais pas vraiment besoin que Gary en rajoute en me lançant un : « Ouain, t’as d’la misère avec ton char! » *soupir*

vendredi 24 novembre 2006

Par souci de clarté part 2

Étant donné qu’aux dires de certaines, je suis sur le point d’être canonisée, je me dois de rectifier quelques points avant de recevoir le titre et me le faire retirer aussitôt sous prétexte qu’il y avait eu fausses représentations. Je l’avoue, dans ma photo du rez-de-chaussé publiée cette semaine, j’avais pris soin de photographier le seul petit coin libre de matériaux de toutes sortes et qui avait l’air relativement rangé. La vérité, c’est plutôt ceci :



Notre chantier est en règle et répond bien aux principes non-écrits :

  • Au rez-de-chaussée, le terme marcher ne s’applique pas, on parle plutôt d’enjamber ou d’escalader.

  • Il n’est pas rare de devoir racheter 2-3 fois la même boîte d’agrafes, clous et/ou vis parce qu’il faudrait procéder à une fouille en règle pour espérer la revoir (on songe d'ailleurs à investir dans un détecteur de métaux).

  • Le chantier est classé par pile de stock, mais dans chaque pile peuvent se côtoyer : nourriture, bois, clous, factures, vieux lunch, vêtements, fils électriques.
  • Le temps pour retrouver un outil est inversement proportionnel à sa grosseur.
  • Le temps pour retrouver un outil est inversement proportionnel à son imminente nécessité.

Je pense que je vais attendre un peu avant de faire mon changement de nom officiel pour «Sainte-Julie-de-la-rénovation».

lundi 20 novembre 2006

Par souci de clarté

Parce qu’à la question :''Pis, ça achève tu??'' je suis à court d’adjectifs pour expliquer l’état du rez-de-chaussée et de l’étage, pour expliquer l’envergure des travaux à faire à coups de soirs et fins de semaine avant d’en arriver à un oui, ça achève...un peu.

Parce que j'ai de la difficulté à schématiser dans quoi j'habite à mes d’amies néophytes qui n’ont été accidentellement en contact avec des rénovations que lorsqu’elles ont dû traverser un échafaud rue Ste-Catherine pour accéder à leurs boutiques préférées.

Parce que quand on me demande si on peut venir m’aider à peinturer je ne sais plus comment mimer l’état du chantier pour qu’on comprenne que je n’ai même pas encore envisagé de quoi aura l’air la maison avec cet indispensable à la pose de la peinture que sont : les murs!

Parce que quand on me parle de décoration, j'ai le goût de me boucher les oreilles en chantant très fort étant donné que sur de la mousse isolante rose, même le plus cute concept de trois petits cadres n’arrive pas à faire oublier ce qui est en-dessous…parce que pour l’instant, ce serait comme poser des lumières de Noël sur un abri tempo: embellir l'inembellissable!

Parce que lorsqu’on me donne des idées d'aménagement paysager, en ce moment, ça réfère à un concept très vague d’activité de détente que je pourrai me permettre lorsque, comme le dit Maslow, j’aurai satisfait mes besoins de base (me nourrir dans MA cuisine, éliminer ailleurs que dans un seau, être en sécurité en me promenant dans ma maison, ne pas risquer d’engelure en osant sortir du lit sans minimum 2 couches de vêtements) avant de penser à combler les besoins bonbons situés aux niveaux supérieurs de la pyramide.

Donc par souci de clarté (clarté dans le sens d'explicite, pas dans le sens d'éclairé parce que de la lumière on en manque...on a une lampe de fonctionnelle par étage...d'où les photos un peu sombres...) :

Le rez-de-chaussé:


L'étage:
C'est ça qui est ça.

lundi 13 novembre 2006

Comme dans un film

Et voilà, c’est fait, Sébastien a réussi à rendre hommage à un grand classique des années 80, le film ''La foire aux malheurs''. Il a voulu spécifiquement s’imprégner du rôle de Tom Hanks et vivre la fameuse scène du plancher qui cède sous le poids du bain. D’une ressemblance désarmante. Bon, nous n’avions pas de bain à scraper donc Sébastien s’est proposé comme cascadeur.


Alors que je travaillais à l’ordinateur dans la chambre, il était au rez-de-chaussé, juste au-dessus de moi. J’ai entendu un craquement et dernière moi, d'un seul coup d'oeil, tout y était...et même plus : la vue de sa botte de construction émergeant du plafond puisqu’ayant défoncé le plancher du rez-de-chaussé et le plafond de la chambre, les cris de douleurs, le sang, les jurons, le gyproc qui pendouille dans le vide, la toile qui avait été mise pour retenir toute la poussière du rez-de-chaussée d’entrer dans la chambre, défoncée aussi et donc, la poussière et les morceaux de gyproc qui envahissent rapidement la chambre et surtout le panier de vêtements propres directement sous l’orifice…

Je ne peux que m’incliner devant une prestation d’une si grande précision. Two thumbs up!


jeudi 9 novembre 2006

Sous-sol sous un seul angle

Attention, l'état du sous-sol n'a malheureusement pas été modifié pour les photos...c'est du tel quel!


C'est là qu'on vit depuis maintenant près de 6 mois, c'est notre sous-sol avec notre spacieuse chambre à coucher au fond. À droite, c'est l'immense walk-in où choisir sa tenue le matin est un charme...bon, on doit enjamber un trou d'eau et épousseter chaque vêtement avant de le porter, mais c'est un charme! Partout ailleurs: des boîtes et des meubles. Au départ, les boîtes avaient été classées par fréquence d'usage des objets qu'elles contiennent, nous avions comme objectif de dessiner un plan à l’échelle de l’emplacement de chacune des boîtes et Sébastien, en bon cartésien, avait prévu élaborer un fichier excel très précis afin de retrouver aisément un objet recherché soit par ordre alphabétique, couleur, poids, odeur ou autres caractéristiques. Malheureusement, ça dû prendre 5-6 minutes pour qu'on ait besoin d'ouvrir chacune des boîtes de façon désordonnée et qu’on en mélange les contenus. La meilleure preuve de l'échec de notre système de classement est la planche à repasser à gauche qui est à peu près l'item le plus accessible du sous-sol. Repasser? Moi?? Alors aujourd’hui, quand on cherche quelque chose, la façon la plus rapide et efficace de l’avoir entre les mains, c’est retourner l’acheter.



Si on se rapproche un peu, ici, c'est notre grande fierté. Il s'agit de la section située à la sortie de notre douillette chambre à coucher et qu'on appelle affectueusement notre petit coin "système digestif". Le concept est simple, toutes les étapes propres à l'alimentation se côtoient dans un même poussiéreux mètre carré...une idée à retenir qui se retrouvera fort probablement dans le prochain Décormag, Idées de ma maison ou Reader’s Digest (d’ailleurs, note à moi-même, laisser traîner quelques Reader’s Digest près du seau). Vous pourrez dire que vous l'aviez vu avant tout le monde. Donc on réunit les 3 phases:1) nourriture et boissons 2) brosse à dent et dentifrice pour la post-bouffe et 3) papier et seau pour la post-digestion. Et voilà, vous pouvez l'appeler la cuisine-salle-à-manger-d'eau-de bain et pouvez m'appeler avant-gardiste-Ju!

lundi 6 novembre 2006

Comme dans la p'tite vie

C’est lundi. Sortir? Ce soir? Euh non…non, on va rester à la maison. Aller souper quelque part…ben…peut-être demain? Quelque chose d’autre de prévu? Ben ouain…pas vraiment…un peu…ok…faut qu’on sorte nos vidanges! Tous les lundis, c’est un rituel, c’est le soir des poubelles! On a bien essayé d’alléger la tâche, d’en faire une partie le dimanche pour se libérer le lundi un peu, mais on s’est rapidement fait stooler à la brigade du sac glad de la ville par des voisins aux traits autistes qui ne pouvaient assumer la présence de poubelle le mauvais soir. Ça nuit à leur environnement visuel. Notre terrain est un dépotoir, il y a des vestiges de matériaux de constructions empilés un peu partout, il y a un container à déchets dans l’entrée de garage, un tas de sable sur le côté de la maison, des briques partout, notre maison en démolition a longtemps eu l’air en post-incendie, mais ce qui nuit à l’image de la rue, ce sont nos deux petites poubelles sur le bord du trottoir, la veille du vrai soir. Bref, on a dû se soumettre! Je m’attendais à tout au début des rénovations…de trouver ça difficile, de m’ennuyer de mon confort, d’avoir froid, d’être fatiguée…mais de consacrer une soirée par semaine à gérer des déchets de construction, jamais! À nos débuts, nous avons fait quelques faux pas et on a subi la honte de se faire refuser des poubelles car elles ne répondaient pas aux critères. Mais maintenant, je ne suis pas peu fière d’avoir acquis de l’expérience et de maîtriser à la perfection la science de la vidange! Ça prend une précision chirurgicale pour arriver au poids au milligramme près et au volume au centimètre cube près pour que ce soit accepté. Parce qu’on a beau récupérer tout ce qui peut être récupéré, recycler le recyclable et aller en porter à l’éco-centre, il nous en reste toujours amplement. Donc notre routine du lundi soir :

- On classe par section : récupérable, recyclable, éco-centre, compost, dons, scrap, camion poubelle.

- On fait nos petits sacs, on remplit nos poubelles.

- On analyse les poubelles de chez ma sœur et mes parents (qui habitent sur la même rue) et on complète leur production pour qu’ils atteignent leur quota eux aussi.

- On remplit la voiture de quelques sacs et on rend visite au papa de Sébastien pas trop loin pour qu’il puisse participer.

Cet été on a dû nettoyer 1000 briques de leur mortier afin de les réutiliser. Le mortier était tellement lourd qu’on n’arrivait plus à s’en débarasser. Sébastien et moi avons donc instauré un système "pour emporter" chaque personne qui nous visitait se voyait offrir un petit sac à jeter à la maison...le taux de participation a été mitigé... On a donc repéré quelques containers dans des commerces à proximité et lors de notre "run" du lundi soir, on avait élaboré le plan de se cagouler et aller en porter incognito…mais empreints de remords, nous sommes restés dans la légalité…les voisins nous surveillent!

mercredi 1 novembre 2006

L'initiation

Premier Halloween dans notre maison hier ! Sur notre rue, tout le monde donne des bonbons, c’est presqu’un religion. Les enfants arrivent par voyages de mini-fourgonnettes et on sent que leurs exigences sont élevées, on doit être à la hauteur ! Je savais donc que c’était une étape cruciale pour nous faire accepter dans le quartier, que les voisins encore trop timides pour venir s’informer sur nos rénovations allaient utiliser leurs petits pour venir fouiner et qu’ils en profiteraient pour nous juger en fonction des bonbons qu’on donnerait. D’autant plus que notre décoration était pas mal minimaliste comparativement au show son et lumière qui se passait devant chez-moi ou à la section complète déco d’halloween du Dollorama chez ma sœur, à deux maisons de là. Je ne pouvais donc pas faire de faux-pas côté bonbons, ça me prenait de la qualité : un mélange de sac de chips, mini-tablettes de chocolat, petits sacs de bonbons et…je l’avoue…des petites boîtes de raisins secs que ma mère m’a refilé de force. Quand j’étais jeune j’aurais préféré ne rien recevoir que de recevoir ça, mais bon, je les ai passées en douce en les cachant sous un sac de chip ou encore en plongeant subtilement ma main dans le sac, cachant ainsi la méchante boîte.


Tout se passait bien, les enfants passaient des commentaires, les parents aussi, petites jokes entendues mille fois par ci (vous avez déguisé votre maison ??), petits commentaires d’enfants par là (« c’est quoi ici ?? »…comme si c’était impossible de penser habiter ici donc c’était forcément un espèce d’entrepôt…une filiale de rona peut-être ? L’enfant veut savoir !), mais tout va bien, je souris, je fais ma cute, je pense qu’on commence à se faire respecter ! Jusqu’à ce que ma sœur et mon beau-frère passent avec mon neveu et mes nièces et captent la conversation de parents accompagnant leurs enfants qui venaient de recevoir de nos bonbons et qui concluent entre eux : « Ouain, y’ont une grosse maison, mais au moins, sont pas cheap! » Et voilà, nous avons notre place !

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